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Se souvenir des belles choses...
29 mars 2007

Les couleurs de l'enfance

Arc-en-ciel

Quand le soleil s’étire entre les bras de la pluie, il arrive que la lumière s’unisse à l’eau pour tisser l’espace d’un moment la gamme irisée des sept couleurs de l’arc-en-ciel : rainbow, arc de pluie en anglais, arco iris en espagnol…

Le phénomène est éphémère : ses nuances subtiles tiennent à la fois de l’alchimie visuelle et de l’effet d’optique.

Elles nous montrent ce que nous ne voyons pas ; elles viennent transposer sur la terre le reflet, la trace et la lueur d’un paradis voilé qui se découvre un instant, en même temps que montent les senteurs de fins d’averses, sur les chemins humides ou dans les rues trempées.

L’arc-en-ciel brille alors comme un pont de sourires, de ritournelles enfantines, d’éclats de rires et de larmes, entre l’ici et l’ailleurs, entre l’en deçà et l’au-delà, entre l’ici-bas et l’au-dessus, entre les instants de la vie, entre l’avant et l’après.

Il exprime dans la gamme de ses couleurs toute la palette des sentiments humains.

Il semble receler à la fois les clés du regard et celles du savoir, comme si chacune de ses teintes évoquait l’une des facettes de ce passage qui nous permet de nous construire dans cette parenthèse furtive qui sépare la petite enfance de l’âge adulte…

Il nous faudra tirer parti de la réalité provisoire de ce pont des soupirs pour enjamber le gouffre qui sépare le ventre et les caresses d’une mère des gestes et du ventre d’une amante… Il faudra l’adresse ou la maladresse, le savoir et l’ignorance de ces maîtres indispensables, de ces passeurs d’images, de chiffres et de mots, qui nous ouvriront les portes de la connaissance, du désir et de la mémoire en même temps qu’ils nous ouvriront celles de la violence, de la solitude et de l’oubli…

Et que les murs des écoles aient constitué pour nous les limbes protecteurs d’un havre de paix ou les limites rébarbatives d’une prison morne et fastidieuse, au-delà même du plaisir et de l’ennui, au-delà des bons et des mauvais moments, au-delà de nos premiers baisers comme de nos premières morsures, au-delà du vert de l’espérance, au-delà du rouge de la violence, au-delà de l’orange de la sensualité, du jaune de l’humiliation, au-delà du bleu du réconfort, au-delà de l’indigo de l’exclusion et du violet de la transcendance, nous garderons de ces temps passées l’ineffable nostalgie qui rattache toujours l’homme à la source perdue de son enfance.

Texte tiré de l’introduction de « Mémoire de maîtres, paroles d’élèves »

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